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Interview de Tommy Eon : Seconde vie pour l'électroménager - nouvelle chance pour l'emploi

Interview de Tommy Eon : Seconde vie pour l'électroménager - nouvelle chance pour l'emploi

Bonjour Tommy, pourriez-vous partager avec nous comment vous en êtes venu à vous spécialiser dans le domaine de l'économie circulaire et de l'insertion professionnelle?

Bonjour,

Tout d'abord, il est important de noter que le concept d'économie circulaire tel qu'il est défini actuellement est relativement récent. Il découle du concept de développement durable, dont on parle de moins en moins. A mon arrivée dans le groupe, les enjeux étaient le développement du recyclage mais pas encore le réemploi ou l'allongement de la durée de vie. Les notions derrière ces termes sont essentielles, et la circularité a été introduite progressivement pour devenir un élément central du concept.

Je suis entré dans le domaine de l'environnement de manière classique en suivant des études sur la protection de l'environnement. Ensuite, j'ai eu l'opportunité d'intégrer un service de gestion des déchets en collectivité. Très rapidement, j'ai rejoint une structure qui fait aujourd'hui partie du Groupe Estille. La préservation des ressources et la sobriété énergétique ont toujours été des enjeux qui me tenaient à cœur. Petit à petit, les concepts ont évolué, et j'ai évolué avec eux. La circularité des modèles et l'économie de la fonctionnalité ont pris plus de place dans les discussions publiques et au sein de nos structures, que nous avons fait évoluer en conséquence. Je suis persuadé qu'un modèle de développement durable ne sera possible qu'avec une performance environnementale accrue.

Concernant l'insertion professionnelle, pour être totalement franc, au départ, c'était le fruit du hasard. Bien que je sois issu d'une famille profondément ancrée dans les questions sociales, je ne me suis pas initialement dirigé vers cette orientation au sein de l'entreprise. Depuis 16 ans dans le groupe, il est clair que l'insertion professionnelle a tout son sens et permet de concilier des enjeux environnementaux avec des enjeux sociétaux plus globaux. Cela constitue pour moi une véritable source de motivation au quotidien et décuple le sens de tout ce que nous faisons.

Comment le Groupe Estille, à travers ses trois unités Envie, contribue-t-il à l'économie circulaire et quelles sont les valeurs clés portées par ces structures ?

Le Groupe Estille et ENVIE s'apportent mutuellement dans le partenariat. La création d'un pôle Environnement et Industrie et le développement d'ENVIE sur des nouveaux territoires, en Vendée notamment, sont des exemples concrets de la synergie et de l'apport bénéfique de ce partenariat. Il est clairement au service d'une offre de proximité, pour les territoires. Les valeurs clés de cet accord sont le développement d'une économie plus responsable sur les territoires.

Pour ceux qui ne connaissent pas votre travail, comment expliqueriez-vous l'impact environnemental et social du reconditionnement d’électroménager dans votre organisation?

Les impacts du reconditionnement d'électroménager sont très forts. Le fait d'allonger la durée de vie d'un appareil électroménager en le réparant et en le rénovant permet de limiter l'extraction de ressources naturelles mais aussi de limiter la consommation d'énergie. La composition d'un appareil électroménager c'est de l'acier, du béton, des plastiques, du verre, des métaux rares,... Au total plus de 50 kg en moyenne de matériaux extraits à partir des ressources naturelles. Fabriquer une machine à laver neuve c'est environ 440kg d'émission de CO2, rénover une machine à laver qui a déjà servie, c'est tout juste 100kg de CO2 émis.
Au niveau social, les impacts sont aussi très forts. Le reconditionnement permet la création d'emplois locaux, non délocalisables, et à fort impact. Nous employons aujourd'hui sur la partie reconditionnement une cinquantaine de personnes dont les deux tiers environ sont en parcours d'insertion. C'est à dire que nous utilisons notre activité économique pour permettre à des personnes en situation d'exclusion professionnelle de retrouver un emploi, d'acquérir des compétences totalement transposables, de lever des freins à l'emploi et de construire un projet professionnel et tout cela en menant une vraie activité économique. Enfin nous revendons les produits rénovés à des prix inférieurs au neuf tout en assurant la même garantie. Cela permet aussi à des personnes avec peu de ressources de s'équiper à moindre coût et dans ce cadre nous avons des partenariats forts avec les institutions pour permettre l'équipement de qualité à des personnes en difficulté. Mais notre boutique est ouverte à tous et aujourd'hui l'ensemble de la population vient acheter de l'électroménager rénové et garanti car la qualité, le choix, le sens donné à son achat sont des sujets qui touchent l'ensemble de la société.

Avec l'essor de l'économie circulaire, quelles difficultés avez-vous rencontrées pour inclure davantage d'individus dans le parcours d'insertion professionnelle au sein du groupe?

Le métier d'opérateur de rénovation d'électroménager n'est pas simple car très technique. Aussi, nous avons mis en place une vraie démarche qui permet de recruter des profils éloignés de l'emploi tout en sécurisant notre activité. Cela passe par un encadrement compétent et très présent dans l'atelier mais aussi par un découpage de la chaîne de production afin de sécuriser les étapes les plus sensibles. Au sein du groupe, la diversité des activités et des postes proposés permet l'inclusion du plus grand nombre. Tout le monde n'est pas capable de tout faire mais tout le monde a des capacités, il faut juste que les personnes soient au bon poste. Aussi il y a des passerelles possibles et facilitées entre les structures du Groupe Estille.

Pourriez-vous nous parler des Journées du grand OUI et de l'importance de ces événements dans la sensibilisation du grand public à la consommation responsable?

Les "Journées du grand OUI", c'est le nom donné par la fédération Envie pour célébrer, au niveau national, les 40 ans de la première structure ENVIE en France, fondée à Strasbourg. Aujourd'hui, le réseau ENVIE en France est constitué de 53 sites qui couvrent une grande partie du territoire. Malgré son histoire et son maillage, encore trop de personnes ne connaissent pas ENVIE. Aussi cet évènement a permis de faire découvrir, sur les territoires, ce que sont les activités et les valeurs d'ENVIE. En fonction des territoires, les structures ont mis en place lors de ces journées, différentes animations à destination de la presse, des élus locaux, du grand public mais aussi des salariés qui sont les acteurs majeurs du modèle ENVIE.

Comment envisagez-vous l'évolution du modèle économique durable et inclusif dans les années à venir, notamment face aux défis environnementaux actuels?

Il est primordial de repenser nos modèles économiques, nos modèles de société afin de répondre aux enjeux environnementaux et sociétaux. Il n'est plus possible de prôner des modèles économiques linéaires qui, au-delà de détruire les ressources, laissent une grande partie de la population de côté. Aussi l'économie circulaire doit devenir la norme par un marché qui doit s'ouvrir à ces sujets. L'impact environnemental de nos modèles doit être intégré à la valeur du produit. Ainsi l'économie linéaire, si on prend en compte les impacts environnementaux et sociaux, n'est plus viable et doit être amenée à évoluer vers d'autres modèles.

Quel conseil donneriez-vous à une entreprise qui souhaite implémenter une initiative similaire à celle de Groupe Estille et Envie dans sa stratégie ?

L'économie responsable, à impact, ne doit pas rester à la marge de l'économie classique et doit devenir la norme, c'est un devoir. Cela doit passer par la transformation de certains modèles mais aussi par le renforcement des synergies entrent les acteurs économiques. Nous devons travailler ensemble les interactions gagnant-gagnant pour continuer à développer une économie au service de l'environnement et au bénéfice des territoires. Pour cela, cette initiative n'est qu'un exemple parmi d'autres et nous travaillons à renforcer les liens entre les acteurs économiques.

Pour plus d'informations : https://envie-44.envie.org/

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