Bonjour Ruddy, en tant que partenaire et responsable des opérations chez Yakaïno, pouvez-vous nous expliquer comment votre approche fondée sur l'intelligence collective se traduit concrètement dans vos projets de transition écologique ?
Chez Yakaïno, la science appliquée au terrain, activée par l’intelligence collective, est au cœur de notre méthode. Nous sommes convaincus que les solutions réellement efficaces émergent quand on mobilise ensemble les savoirs des acteurs de terrain, des experts et des utilisateurs finaux.
Concrètement, cela prend la forme d’ateliers sur mesure, de formats de co-design ou encore de sprints circulaires, où les équipes identifient elles-mêmes les leviers d’action à partir de leurs propres contraintes et réalités métiers.
Notre rôle, c’est d’apporter les dernières avancées scientifiques, un cadre clair, des outils visuels, et une dynamique d’animation pragmatique pour que les idées débouchent sur des actions concrètes, durables et immédiatement activables.
La mise en route de l'innovation durable élaborée en atelier est notre indicateur de succès interne : nos clients doivent donc avoir toutes les clés pour se lancer.
Pourriez-vous partager un exemple précis où vous avez transformé une tension liée à la transition écologique en une opportunité pour une PME ou une ETI ?
Oui, j’ai accompagné une PME spécialisée dans la réparation de matériel électronique professionnel, qui faisait face à deux problématiques : la difficulté à valoriser ses prestations face au neuf, et une pression croissante des clients sur la traçabilité environnementale.
Plutôt que de traiter ces sujets de façon isolée, on a pris un angle opérationnel et circulaire : on a cartographié les flux de pièces, analysé les gisements de réemploi, puis travaillé en atelier collaboratif avec les techniciens et le dirigeant pour imaginer de nouvelles boucles de valeur.
Ce travail a permis de poser les bases d'une offre de réparation avec pièces reconditionnées, avec de nouveaux partenaires et des performances durables mesurables.
C’est typiquement ce qu’on fait chez Yakaino : ancrer l’économie circulaire dans les processus métier et innover pour réconcilier les contraires.
Avec 15 ans d'expérience, quels sont selon vous les principaux obstacles que rencontrent les entreprises dans leur démarche de transition écologique, et comment les aidez-vous à les surmonter ?
Les obstacles sont souvent moins techniques que culturels ou organisationnels. Les entreprises manquent parfois de clarté sur où commencer, ou se sentent paralysées par l’ampleur des enjeux. Il y a aussi une peur du « greenwashing involontaire ». La méthode repose sur trois piliers : 1) Structurer une feuille de route progressive, ancrée dans la réalité métier et les priorités concrètes de l'entreprise en terme d'impact.
2) outiller les équipes pour qu’elles se réapproprient les enjeux avec des supports simples, co-construits et réutilisables à volonté — pas des outils figés, mais des formats vivants, conçus pour évoluer avec la maturité de l'entreprise.
3) Mesurer les progrès, même modestes, et en faire des points d’appui pour nourrir une dynamique d’engagement continue.
Il y a aussi une dimension de coaching opérationnel qui fait partie de l'accompagnement.
Vous parlez de solutions inspirées des dernières avancées en recherche. Comment intégrez-vous l'innovation dans vos stratégies de transition écologique pour les entreprises que vous accompagnez ?
Je veille à relier systématiquement les pratiques de terrain aux travaux scientifiques les plus récents, notamment sur l’innovation de modèles économiques durables. Cela m’amène à tester de nouvelles méthodes et canevas, à intégrer des principes encore inédits mais qui ont de bons résultats ou encore à exploiter l’intelligence artificielle pour automatiser certains diagnostics. L’innovation, pour moi, ce n’est pas juste technologique, c’est surtout une manière de penser autrement et de décloisonner les approches.
Dans le contexte actuel de transition écologique, comment pensez-vous que les entreprises peuvent réellement mesurer l'impact environnemental de leurs activités ?
La clé, c’est de sortir d’une logique de reporting à froid pour entrer dans une logique de pilotage par les flux. Cela passe par une meilleure connaissance des chaînes de valeur, l’identification des points de levier et l’utilisation d’indicateurs simples mais robustes : émissions, matière, énergie, usage, durée de vie. Avec nos partenaires, nous aidons les entreprises à bâtir leur propre "tableau de bord de la transition", à partir de leurs données disponibles et des recommandations scientifiques de mesure. Nous mettons particulièrement l'accent sur les objectifs qui sont indispensables pour un vrai pilotage.
Vous êtes impliqué dans des mouvements comme le CJD et la Fondation Ellen McArthur. Quel rôle ces affiliations jouent-elles dans votre vision et approche de la durabilité en entreprise ?
Ces engagements me permettent de croiser trois niveaux : la vision, l’expérimentation et le réseau. Le CJD me relie à des dirigeants qui, comme moi, cherchent à allier performance et sens pour une croissance partagée et durable, tandis que la Fondation Ellen MacArthur m’apporte un ancrage méthodologique sur l’économie circulaire. Ces espaces sont précieux : ils nourrissent ma créativité, renforcent mes convictions et m'ancrent, dans l’action concrète. J’ajouterai aussi le Mouvement Impact France qui fédère celles et ceux qui refusent de choisir entre performance et engagement sociétéal et cela raisonne avec mes valeurs.
En tant que personnalité axée sur la durabilité et orientée vers les résultats, quelles sont les grandes tendances que vous anticipez dans le domaine de l'économie circulaire pour les prochaines années ?
Ce que j’observe, au-delà des outils et des réglementations, c’est l’émergence d’une nouvelle manière d’entreprendre, plus systémique, plus frugale. Une génération de managers, d’entrepreneurs et de dirigeants est en train de recombiner les règles du jeu économique en pensant efficacité opérationnelle, impact minimal et solidité financière.
Ils composent avec les règles financières dominantes pour mieux les détourner au profit de la durabilité et rebattent les cartes du management.
J'ai deux exemples en tête et c'est assez intéressant de voir comment ils utilisent intelligemment l'accès de plus en plus complexe aux ressources pour des transformations circulaires plus profondes sans en faire la publicité.
C'est une forme hybride de management durable sur laquelle on pourra s'appuyer.
Pour plus d'informations : https://yakaino.com/